Le château de Cassis
Paradoxalement, le seul vrai château n’a jamais été une véritable demeure seigneuriale, mais essentiellement une position défensive dominant la mer. Ce rôle n’est pas encore évident à l’époque romaine où devait s’élever une simple tour en bois ou en pierres qui servait surtout de poste d’observation. Tel apparaît le site dominant le " Carcisis Portus " de l’Itinéraire d’Antonin.
Au VIIIème siècle, semble surgir une première enceinte fortifiée dont subsisterait une tour dite " sarrasine " ce qui peut signifier aussi bien un élément de défense contre les Arabes - qui sont souvent des Berbères et qu’on appelle " maures " ou " sarrasins " - qu’un édifice construit par eux. Car n’oublions pas que certains sont présents dans la Région jusqu’au Xème siècle et qu’à l’époque pour un " indigène ", les Francs de Charles Martel descendus du Nord après la fameuse bataille de Poitiers sont au moins aussi redoutés que les " infidèles " venus du sud.
Mieux connue est la construction au XIIIème siècle d’une nouvelle enceinte pour le Castrum qui dépend depuis 1223 de la puissante famille des Baux, également propriétaire de la baronnie d’Aubagne et de la seigneurie de Roquefort.
Pendant la guerre de Cent ans, même si la Provence ne fait pas encore partie du royaume de France, elle est cependant ravagée par des bandes de brigands souvent formées par des mercenaires issus des " grandes compagnies ". C’est le moment choisi pour renforcer les défenses de ce qui constitue le seul débouché maritime de son domaine. Nous sommes entre 1372 et 1380, c’est-à-dire au temps de la reine Jeanne, de Charles le Sage et de Messire Duguesclin.
Des murailles flanquées de quatre tours carrées de 8,5 m de haut sont alors élevées, entourant plusieurs dizaines d’habitations. On creuse un puits, on construit un four à pain (trois siècles avant celui découvert récemment à l’angle de la rue du Four et de la rue Rastit). On installe au-dessus de la porte principale une pierre sculptée comportant l’étoile à 16 rayons de l’illustre maison qui prétend remonter aux rois mages.
On édifie aussi une petite église là où devait déjà exister une chapelle ou un autel consacré à Saint-Michel. Ce parrainage qui existe peut-être dès le VIIIème siècle symbolise aussi le choix en faveur de la Chrétienté car, à l’époque, cet archange est le vainqueur de Lucifer, chef des " anges déchus ", devenus des démons et assimilés aux " infidèles ".
A la fin du XVème siècle, il y a jusqu’à 250 résidents à l’intérieur de cette forteresse. Mais on n’y trouvera ni François de Baux, ni sa nièce Alix, ni son époux Odon de Villars, ni aucun des ancêtres de la belle Estérelle. En revanche, on y rencontre plusieurs de ces " pécheurs, mariniers et gens de labeur " dont Calendal sera issu et qui ont pour nom Chabert, Dallest, Brunet, Aydous, Pascon, Colin ou Dalmas. Entre temps, le castrum et le bourg de Cassis ont été repris en 1426 par les comtes de Provence pour passer finalement en 1473 sous la dépendance des évêques de Marseille qui resteront seigneurs jusqu’à la Révolution.
En 1524, les " impériaux ", c’est-à-dire les soldats de Charles Quint, commandés par le connétable de Bourbon, prennent d’assaut la place et, suivant la coutume de l’époque, les hommes sont tués, les femmes violées, les maisons pillées, les remparts sérieusement endommagés, et fait peut-être moins dramatique pour nos ancêtres mais gênant pour l’historien, des archives auraient été brûlées ou jetées à la mer. Les Cassidains ont payé cher leur fidélité à un roi de France qui n’est que depuis une quarantaine d’années le nouveau maître de la Provence. Celui-ci, en l’occurrence l’encore jeune et séduisant François 1er, les remerciera en leur accordant le 11 novembre 1533 toute une série d’exemptions fiscales par une charte soigneusement conservée dans les archives communales. Le calme revenu, les habitants vont peu à peu délaisser le château pour le bourg et à la fin du XVIIème siècle, on ne trouve plus que quelques militaires et quelques religieuses.
En 1684, le comte de Grignan, plus connu comme gendre de la marquise de Sévigné que comme lieutenant général, c’est-à-dire gouverneur adjoint de la province, fait installer de nouveaux canons et restaurer les remparts. En 1722, l’horloge, dernier vestige de l’église du château, est transférée dans le village en bordure de l’actuelle place Baragnon. Le 10 février 1794, le jeune général Bonaparte vient inspecter les batteries. Certains disent qu’il aurait passé la nuit dans une petite maison encore visible entre les murailles, mais d’autres pensent qu’il a préféré s’installer dans une rue plus accueillante du village, la rue " Pavé d’amour ", dans un immeuble qui appartenait alors à Balthazar Rastit.
Le 17 août 1813, un détachement de marins anglais détruit ces mêmes batteries. A t-il bénéficié de certaines complicités locales ? L’histoire ne le dit pas mais ce n’est nullement impossible quand on connaît l’état d’esprit de nombreux provençaux ruinés par le blocus maritime et influencé alors par les " chevaliers de la foi " actifs dans notre région ! Au XIXème siècle, le rôle défensif apparaît de moins en moins nécessaire. L’administration des domaines met le château en vente. Le premier acquéreur sera un buraliste de Saint Cyr (Var) en 1896. Le prix en était, semble t-il, fort modeste !
Vendu par les Domaines en 1896 et revendu à plusieurs reprises, le château est depuis une propriété privée. De nos jours, le château de Cassis entièrement rénové, a été aménagé en maison d’hôtes.
La Fondation Camargo
Située à proximité de la plage du Bestouan, elle comprend plusieurs bâtiments de part et d’autre de l’avenue Ganteaume. La partie qui se situe directement au-dessus de la mer a été achetée à Miss Madge Oliver en 1939, par Jérôme HILL, un américain féru à la fois de peinture, de musique et de cinéma qui avait hérité de la fortune de son grand-père, constructeur du GREAT NORTHERN RAILROAD.
Engagé pendant la guerre dans l’U.S. Air Force, le propriétaire participera à la libération de la Provence mais ne revient définitivement à Cassis qu’en août 1945. Entre-temps, sa récente acquisition avait été " occupée " par les Allemands mais elle n’avait pas été trop endommagée malgré la présence de batteries anti-aériennes abandonnées sur la terrasse.
Est-ce une coïncidence ? L’habitation principale s’appelle " la Batterie " parce qu’un jour de février 1794, un jeune général de brigade nommé Napoléon Bonaparte avait fait installer sur ce site un poste de garde et des canons. De là, on surveillait la baie. On a surtout une vue " imprenable " face à l’imposant Cap Canaille !
C’est cette même vue que le futur empereur a du contempler devant ce poste devenu le " Petit Cabanon " que nombre de peintres attirés par la beauté du site ont immortalisé : parmi eux un amateur nommé Winston Churchill.
Dans les années 60, Jérôme HILL acquiert l’hôtel Panorama qui borde l’avenue Jermini et complète l’actuelle propriété. Peu de temps après, il fait construire, face au phare, un théâtre en plein air inspiré par celui de Delphes pour accueillir des oeuvres dramatiques et des concerts.
En 1967, il crée la fondation. Celle-ci reçoit chaque année jusqu’à 12 " fellows " (compagnons) et leurs familles qui désirent réaliser des travaux sur la culture française ou francophone ou dans des domaines aussi variés que les arts plastiques, l’écriture, la composition musicale, la vidéo ou le cinéma. En plus des appartements prévus pour les loger, la fondation abrite aussi une très belle bibliothèque avec une salle de lecture, une salle de musique et de conférence et une chambre noire pour les photographes.
Aujourd’hui, la fondation accueille également de nombreuses manifestations culturelles de qualité : festivals de musique classique, théâtre, Printemps du Livre, etc.
Le Moulin de Marc
Situé sur l’avenue qui porte son nom entre les avenues Jean-Baptiste Colbert et de la Marne, cet édifice qui fait partie actuellement d’un lotissement est le dernier témoignage des moulins à vent qu’on utilisait notamment pour moudre le blé.
La date de 1641 gravé sur le linteau en pierre de la porte d’accès correspond vraisemblablement à l’année de construction.
La commune a demandé son classement au titre des monuments historiques car sa préservation serait en pleine continuité avec l’acquisition et la mise en valeur du four banal du centre ville.
Les fours à chaux
Traces des métiers en colline, de nombreux fours à chaux qui permettait l’exploitation du calcaire, sont visibles encore de nos jours sur le territoire de Cassis, riche de cette matière première.
L’association " Les Drailles de la Mémoire " a conduit une mission de redécouverte de ces vestiges, en répertoriant tous les fours à chaux environnants. Ses membres, sous la houlette d’Alain Revest, passionné du patrimoine local, ont remis en état le four à chaux de la Marcouline. L’association organise depuis 2007, lors des Journées Européennes du Patrimoine, des visites guidées de ce patrimoine pittoresque, autour de la découverte des Métiers d’Autrefois : une occasion unique de se documenter et de découvrir à travers une promenade dans nos collines, l’exploitation de la chaux, mais aussi du cade, des pins, l’utilisation de l’amélanchier et du sumac des corroyeurs, ou encore la découverte de la faune et la flore locale.
Le Tribunal de pêche
Situé sur le quai Barthélemy, il témoigne de l'activité longtemps prédominante de la commune et du combat des Cassidens pour se soustraire à la juridiction " despotique, tyrannique, onéreuse, suspecte et abusive " des prud'hommes de Marseille. Ce droit leur fut accordé en 1791.
Le 29 juin de la même année, a lieu l’élection des premiers prud’hommes de Cassis ; Avec le voeu de réaliser un tableau commémoratif représentant les deux premiers juges prud’hommes et le citoyen porteur à l’Assemblée Nationale à Paris de la pétition, qui serait exposé dans la salle des délibérations.
Aujourd’hui, la prud’homie abrite encore cette toile peinte en 1793 par le peintre Marseillais Jean-Baptiste GUIS, (peintre renommé de Marseille). Le tableau avait été commandé par la prud’homie pour sa création et restaurée en 1997 avec le concours de la Ville de Cassis. Cette toile, classée aux Monuments Historiques, présente le portrait de MJ Victor Roux, Maire de Cassis, Pierre Janselme et Lazare Mouton.
Sur la façade de l’immeuble, abritée dans une niche, se trouve la statue en bois polychrome de Saint-Pierre, patron de la confrérie des pêcheurs, classée aux Monuments Historiques (en 2003) et restaurée en 1984 par Chris Vivanti, Conservateur du Musée à l’époque. Ce buste reliquaire en bois peint du XVIIème siècle est traditionnellement menée en procession jusqu’à l’église, le dernier dimanche de juin, à l’occasion de la fête de la Saint Pierre. La cérémonie est suivie d’une bénédiction en mer de toutes les embarcations et d’un hommage aux marins disparus.
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